Existe-t-il un écart d’âge idéal entre deux enfants ?

par Emilie CARTIER pour TF1 INFO
Publié le 21 janvier 2024 à 20h00

Source : JT 20h WE

Il n’existe aucun écart d’âge idéal entre deux enfants.
Chaque différence d’âge comporte des avantages et des inconvénients.
L’impact d’une nouvelle naissance dépend surtout du tempérament des enfants et du contexte familial.

Avoir un deuxième enfant tout de suite ou attendre un peu ? Il est inutile de se mettre la pression, car quel que soit l’écart d’âge, les parents doivent composer avec un certain nombre de désagréments. Au-delà de la différence d’âge, il faut surtout que le climat familial soit propice à l’arrivée d’un nouvel enfant. 

Comme l’explique Élisabeth Darchis, psychologue clinicienne et auteure de "Frères et sœurs : entre complicité et rivalité" (édition Nathan), "ce qui compte avant tout, c’est la volonté d’être prêt à accueillir un autre enfant, et ceci dépend bien évidemment de la propre histoire du couple, mais aussi plus prosaïquement de ses conditions matérielles ou la situation professionnelle de l’un ou de l’autre". 

Est-ce une bonne idée d’avoir des enfants d’âge rapproché ?

Avoir des enfants avec un ou deux ans d’écart possède un côté assez pratique. Les jeunes parents enchaînent rapidement les couches, les biberons et les réveils nocturnes pour goûter ensuite à la tranquillité. Ils ne perdent pas les bons réflexes. Les deux bambins peuvent prendre le bain ensemble ou se passer les vêtements, ce qui permet d’effectuer des économies. 

Selon les dossiers de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Risques (Drees) publiés en mars 2023, “dans une famille d’au moins deux enfants, notamment à âge rapproché, certaines dépenses réalisées pour l’aîné peuvent ensuite être réutilisées pour le second”. En revanche, le mode de garde (crèche, assistante maternelle…) avant l’entrée à l’école représente un poste de dépense important avec deux enfants en bas âge. Parce que les grands ne peuvent pas garder les petits, le recours à une baby-sitter s’avère aussi incontournable pour les sorties. 

Pour la maman qui doit enchaîner deux grossesses, la fatigue risque de se faire sentir. D’autant plus que les tout-petits ont de nombreux besoins, qu’ils expriment à des moments différents. Il faut s’attendre à être très sollicité au quotidien, mais aussi de vivre dans une maison où le bruit est quasi-permanent. 

Situés presque au même stade de développement et animés des mêmes centres d’intérêts, les membres d’une fratrie d’âges rapprochés peuvent créer une réelle complicité. Tenir compte de l’unicité de chacun permet de limiter les jalousies et rivalités, même si elles restent inévitables quel que soit l’âge, selon Christine Brunet, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Il s’agit davantage d’un pari sur l’avenir.

Un écart d’âge entre trois et quatre ans : l’idéal ?

Attendre les trois ou quatre ans de son aîné pour avoir un autre enfant reste une option efficace pour éviter le surmenage. Autonome en matière de marche, de langage et de propreté, le plus grand peut se gérer seul pendant que vous vous occupez du petit frère ou de la petite sœur. 

Un enfant ne sait pas s’habiller complètement avant l’âge de six ans. Cependant, un tout-petit de trois ans commence à se débrouiller seul à condition qu’il s’agisse de vêtements amples et sans attaches. Il en va de même pour l’alimentation. Entre 12 et 18 mois, un bébé mange seul avec une cuillère. 

Le principal écueil à éviter est de trop responsabiliser l’aîné. D’autant plus qu’il se trouve dans une situation difficile. Partager ses parents peut relever du crève-cœur pour lui. Ne plus être le petit dernier implique aussi la fin des privilèges. 

Une différence d’âge de plus de cinq ans

En faisant le grand écart, les parents profitent pleinement de la petite enfance de chacun. Une étude menée par les psychologues américaines Kasey Buckles et Élizabeth L. Munnich met en évidence que les parents ont plus d’interactions avec leurs enfants lorsque l’écart d’âge entre les deux est supérieur à deux ans. Se replonger dans l’univers de la puériculture peut toutefois demander quelques efforts. On peut facilement perdre la main. 

À la naissance du petit frère ou de la petite sœur, l’aîné – longtemps enfant unique – peut ressentir un sentiment d’abandon même si son âge correspond à la fin du complexe d’Œdipe. Théorisé par Sigmund Freud, ce concept qui apparaît entre trois et six ans désigne le désir inconscient de l’enfant pour le parent du sexe opposé et celui d’éliminer le parent rival. 

Bien que considéré comme un modèle à suivre par son cadet, l’aîné qui n’est plus en fusion avec ses parents, a maintenant envie de prendre ses distances, en préférant jouer avec ses amis par exemple. Cela peut être perçu comme un rejet par le plus jeune. 

À cause de loisirs totalement différents, les parents éprouvent souvent des difficultés à trouver une activité familiale qui fédère tout le monde. 


Emilie CARTIER pour TF1 INFO

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